Dr. Rupert Kaul
Investigateur du Réseau
University Health Network, University of Toronto
Voir la biographieCette étude pilote visait à déterminer si la prise d’un probiotique en association avec une thérapie antirétrovirale (TAR) pouvait contribuer à réduire l’inflammation et l’activation immunitaire nocive chez les personnes qui ne répondent pas complètement à la TAR.
Les produits probiotiques sont des bactéries vivantes qui peuvent offrir des avantages pour la santé et sont souvent appelées bactéries « bénéfiques ». Le probiotique spécifique utilisé dans cette étude, Visbiome, est approuvé par Santé Canada en tant que produit de santé naturel. Cependant, son utilisation dans cette étude de recherche était expérimentale.
Environ 25 % des personnes infectées par le VIH qui commencent à prendre une TAR ont une réponse sous-optimale, ce qui signifie que leur système immunitaire (taux de CD4) ne s’améliore pas comme prévu, même si le virus est supprimé par leurs médicaments. Ces personnes sont parfois appelées « non-répondants immunitaires » (INR). Ces personnes courent un risque accru de décès liés au SIDA et de problèmes de santé non liés au SIDA qui peuvent être associés à une activation immunitaire accrue et à la fuite des bactéries de l’intestin dans la circulation sanguine.
On sait que l’utilisation systématique d’une thérapie antirétrovirale pour gérer le VIH prolonge l’espérance de vie de plusieurs années. Cependant, de nombreuses personnes vivant avec le VIH présentent davantage de problèmes de santé liés à l’inflammation et à l’activation immunitaire (comme les maladies cardiaques et cérébrales) par rapport aux personnes non infectées, même après avoir suivi une thérapie antirétrovirale pendant une longue période. Ce phénomène est dû à la pénétration de bactéries dans la circulation sanguine par la muqueuse intestinale de la personne, qui a été endommagée par le VIH. Bien que la thérapie antirétrovirale ait considérablement amélioré la prise en charge du VIH, il faut parfois des années de thérapie antirétrovirale continue pour réparer les dommages causés par le VIH aux cellules immunitaires de l’intestin.
Cette étude a cherché à savoir si la prise d’un probiotique pouvait réparer les dommages causés aux tissus intestinaux ou améliorer la réponse à la TAR chez les INR. Il existe de nombreuses preuves qu’une modification de l’équilibre entre les bactéries bénéfiques et les bactéries nocives peut influencer la santé immunitaire intestinale. Par exemple, il a été démontré que les bactéries bénéfiques renforcent la capacité des cellules immunitaires à combattre les bactéries nocives. L’étude a vérifié si ce probiotique pouvait améliorer la fonction et le nombre de cellules immunitaires saines dans l’intestin, empêcher la fuite des bactéries dans la circulation sanguine et, en fin de compte, réduire l’inflammation à l’origine des complications de santé liées au VIH chez les INR.
La durée de l’étude a été de 48 semaines. L’étude a été réalisée en double aveugle, ce qui signifie que ni les participants ni leur médecin ne savaient dans quel groupe de traitement ils se trouvaient.
Les analyses sanguines et les questionnaires ont été recueillis périodiquement tout au long de l’étude. Ces informations ont été utilisées pour comparer la fonction immunitaire, l’inflammation et la santé intestinale entre les deux groupes d’étude.
Bien que le régime de traitement par probiotique associé à une TAR standard ait été sûr et bien toléré par les participants, il n’a pas permis de réduire l’inflammation ou l’activation immunitaire nocive dans la circulation sanguine. En outre, il n’a eu aucun effet détectable sur la fonction immunitaire intestinale. La supplémentation en probiotiques peut avoir d’autres avantages pour la santé, mais le CTNPT 022b a conclu qu’il n’est pas nécessaire de continuer à étudier le potentiel de ce probiotique pour réduire l’inflammation nocive chez les non-répondants immunitaires qui sont déjà sous thérapie antirétroviral efficace.
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University Health Network, University of Toronto
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