Après environ deux années de travail et de consultation, les premières lignes directrices canadiennes sur la prophylaxie pré-exposition (PPrE) et la prophylaxie post-exposition (PPE) non occupationnelle ont été publiées dans le Journal de l’Association médicale canadienne le 27 novembre 2017.
La PPrE et la PPE sont des interventions biomédicales à base d’antirétroviraux administrés avant et après une exposition au VIH (liée aux rapports sexuels ou à la consommation de drogues) afin de prévenir l’infection. Les deux interventions sont hautement efficaces et se sont révélées capables de réduire de plus de 90 % l’infection transmisse sexuellement lorsqu’elles sont utilisées adéquatement.
« Ces nouvelles stratégies ont été largement adoptées à l’échelle mondiale par plusieurs organismes, dont l’OMS, le laboratoire de lutte contre la maladie (CDC) des États-Unis et d’autres », affirme le Dr Darrell Tan, investigateur du Réseau et auteur principal des lignes directrices.
En bref, les lignes directrices préconisent une utilisation élargie de la PPrE et de la PPE chez certaines populations VIH-négatives qui sont affectées de manière disproportionnée, en particulier chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HRSH), les personnes qui s’injectent des drogues, les Autochtones et les ressortissants de pays où le VIH est endémique.
Le VIH continue d’affecter ces groupes beaucoup plus que les autres Canadiens. On estime que les HRSH sont 131 fois plus à risque que la population générale, tandis que les personnes qui s’injectent des drogues le sont 59 fois plus que les non-utilisateurs de drogues. Les Autochtones et les ressortissants de pays où le VIH est endémique sont aussi plus susceptibles de contracter le virus (respectivement 2,7 fois et 6,4 fois plus).
Lorsqu’on les utilise chez les populations à risque élevé, la PPrE et la PPE ont également un bon rapport coût-bénéfice.
« Jusqu’à maintenant, leur coût avait limité la faisabilité et l’applicabilité de ces stratégies », affirme le Dr Tan. « Mais l’avènement récent d’antirétroviraux de marques génériques, de même que l’accès élargi à la PPrE par l’entremise des régimes d’assurance publique au Canada, pourrait fortement faciliter leur adoption. »
Le Dr Tan fait partie d’une équipe composée de plus de 20 experts de différentes spécialités, comme l’infectiologie, la médecine d’urgence, les soins infirmiers, la pharmacie, la santé publique, et de membres des communautés touchées; l’équipe s’est réunie en 2015 pour amorcer le processus de rédaction des lignes directrices. Guidée par une démarche d’analyse scientifique, elle a examiné toute la littérature existante sur la PPrE et la PPE afin d’en tirer les renseignements les plus pertinents.
« Des études précédentes réalisées dans d’autres pays ont démontré que l’utilisation à grande échelle de la PPrE donnait lieu à une réduction considérable des nouveaux diagnostics de VIH », affirme le Dr Tan. « Nous espérons que nos lignes directrices pourront offrir aux cliniciens les ressources dont ils ont besoin pour intégrer les interventions biomédicales dans leurs plans de soins et aider au bout du compte le Canada à prévenir les nouveaux cas de VIH ».
Les lignes directrices peuvent être téléchargées ici (en Anglais).