« On aurait tendance à croire que nos prises de décision font suite à une analyse logique des pour et des contre, mais dans bien des cas, ça n’a rien à voir; notre façon de prendre des décisions est un processus très erratique. Les gens disent y aller instinctivement, mais savent-ils ce qui peut influencer leur instinct? »
Qu’il s’agisse d’un souper romantique avec une personne spéciale ou du besoin de contact avec un autre être humain, plusieurs facteurs entrent en jeu dans les décisions qui concernent les comportements sexuels à risque. « Nos prises de décision en matière de sexualité peuvent être assujetties à nos croyances quant au risque, mais aussi à notre attirance pour la personne avec qui nous nous trouvons », explique la Dre Shayna Skakoon-Sparling, boursière postdoctorale du Réseau. Dans ses travaux universitaires, la Dre Skakoon-Sparling s’est beaucoup intéressée à la façon dont l’attraction sexuelle et divers facteurs psychosociaux, comme le désir d’être en couple, influencent les prises de décision et de risque. Dans le cadre de son projet de bourse postdoctorale avec le Réseau, elle approfondira cette question, en explorant comment la solitude peut agir sur la prise de décision et les comportements sexuels à risque chez les hommes gais, bisexuels et autres ayant des relations sexuelles avec des hommes (HRSH).
« Se sentir esseulé ajoute un poids supplémentaire à l’expérience de la solitude; c’est un sentiment d’isolement. Chez la plupart des gens, on note un grand besoin d’appartenance, un grand désir d’être en lien et d’entretenir des rapports positifs et durables avec les gens autour de soi. On se sent seul quand ce besoin n’est pas comblé ou quand il est à moitié comblé, » rappelle la Dre Skakoon-Sparling. Les HRSH peuvent être particulièrement sujets à la solitude et cela peut les conduire à chercher l’intimité à tout prix. C’est ce qui pourrait expliquer en partie pourquoi le recours aux drogues à usage récréatif, l’hypersexualité et la transmission du VIH sont plus fréquents chez les HRSH.
La Dre Skakoon-Sparling souhaite mieux comprendre l’impact de la solitude sur les HRSH et leur manière de composer avec leur sentiment d’isolement. « Je souhaite plus particulièrement vérifier s’il y a une différence dans la prise de risque par rapport au VIH entre les gars qui se sentent émotionnellement seuls (qui souhaitent trouver un partenaire de vie) et ceux qui se sentent socialement seuls (qui veulent élargir leur cercle social) », explique-t-elle. « Mon objectif ultime est de concevoir une intervention pour aider les gars à gérer la solitude d’une façon constructive (qui aura un effet durable sur cette expérience) sans augmenter le risque de transmission du VIH ».
Alors, que réserve l’avenir à la Dre Skakoon-Sparling? Elle croit qu’elle continuera d’explorer encore longtemps ce domaine de recherche : « J’aimerais poursuivre mon étude des facteurs psychosociaux qui sous-tendent nos décisions en matière de sexualité et explorer comment les données générées pourront aider les gens à adopter une sexualité plus émotionnellement satisfaisante sans négliger leur santé physique ».
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