« Depuis mes études de premier cycle, je me suis engagée avec passion à faire de la recherche sur le VIH, et particulièrement sur les maladies infectieuses affectant le système reproducteur, et j’ai l’intention de continuer de travailler dans ce domaine pendant toute ma carrière car je veux améliorer le sort des femmes vivant avec le VIH et de leurs enfants. »
En juillet 2020, nous avons accueilli une nouvelle cohorte de boursiers postdoctoraux dans la famille du Réseau. Parmi ces boursiers, mentionnons la Dre Elisabeth McClymont, sa bourse est commanditée par CANFAR (Fondation canadienne de recherche sur le SIDA). Nous explorons ici sa passion pour la recherche sur le VIH et le projet qu’elle souhaite entreprendre grâce à sa bourse postdoctorale.
« Pendant mes études de premier cycle, j’ai suivi un cours qui portait sur l’épidémie mondiale de VIH/sida, avec la Dre Angela Kaida, investigatrice du Réseau. J’ai immédiatement été fascinée par la nature multiple de l’épidémie de VIH », affirme la Dre McClymont. « J’ai continué de nourrir cet intérêt en occupant des postes de bénévole et d’adjointe de recherche à la Fondation du sida Dr Peter et à la clinique Oak Tree, avec la Dre Deborah Money, investigatrice du Réseau. L’occasion qui m’a été donnée de contribuer à des projets de recherche sur la santé reproductive des femmes vivant avec le VIH, et d’observer leur impact, m’a encouragée à poursuivre une carrière qui me permettrait d’aider ces femmes et leurs enfants. Et c’est depuis ce temps que je m’intéresse aussi vivement à la recherche sur les femmes vivant avec le VIH! »
La Dre McClymont connaît bien le travail du Réseau. Pendant ses études universitaires, elle a participé à l’étude CTN 236 sur le VPH et le VIH, qui s’intéressait à l’innocuité et à l’immunogénicité d’un vaccin anti-VPH (virus du papillome humain) chez les filles et les femmes de 9 ans et plus vivant avec le VIH.
« À partir de cette expérience, j’ai su que je voulais continuer de faire de la recherche sur les co-infections virales et sur le rôle des vaccins dans cette population. »
Pour son projet postdoctoral avec le Réseau, la Dre McClymont se penchera sur la transmission du cytomégalovirus (CMV) chez les femmes vivant le VIH et leurs enfants.
Le CMV cause l’une des plus communes infections virales, présente chez 40 à 100 % de la population mondiale. Chez les personnes dont le système immunitaire est fonctionnel, le virus passe inaperçu et ne cause aucun symptôme. Par contre, chez les personnes qui ont un système immunitaire défaillant (VIH non maîtrisé, leucémie, nouveau-nés), le virus peut entraîner des complications médicales, y compris des infections gastro-intestinales et des troubles neurologiques.
« Les premiers stades de la conception d’un vaccin anti-CMV soulèvent diverses questions intéressantes sur la façon d’optimiser l’agent qui conviendra le mieux aux personnes vivant ou non avec le VIH », explique-t-elle. « Comprendre la nature de la transmission naturelle du CMV chez les femmes vivant avec le VIH fournira des renseignements utiles pour concevoir un vaccin optimal. »
Selon la Dre McClymont, plusieurs raisons militent en faveur d’une optimisation des vaccins pour les femmes vivant avec le VIH :
- Il y a un risque accru d’infection à CMV congénitale chez les nourrissons exposés au VIH et le risque est encore plus grand chez ceux qui en sont porteurs du VIH. Le CMV est la plus fréquente cause d’infection congénitale à l’échelle mondiale et une importante cause de surdité et de handicap neurocognitif chez les enfants.
- Le risque d’effets négatifs de la maladie à CMV chez les adultes vivant avec le VIH est bien connu.
- Même en l’absence de maladie à CMV manifeste, et après avoir tenu compte de la charge virale du VIH et de la numération des CD4, il reste un lien étroit entre l’infection à CMV et la mortalité chez les personnes vivant avec le VIH.
Dans l’ensemble, ce projet, supervisé par les Drs Isabelle Boucoiran et Soren Gantt, vise à définir les paramètres génomiques précis, les voies de contamination et les risques d’infection à CMV chez les femmes vivant avec le VIH ou non et chez leurs enfants. En étudiant les cas de transmission, l’équipe peut déterminer la réduction de la charge virale requise pour prévenir la transmission du CMV et quels génotypes du CMV devraient être ciblés par un vaccin.
« Nos observations nous aideront à décrire les paramètres d’un vaccin anti-CMV efficace, non seulement pour la population générale, mais aussi pour les femmes vivant avec le VIH, qui sont particulièrement vulnérables à l’infection au CMV », rappelle la Dre McClymont. « J’espère que les connaissances générées par ce projet faciliteront la mise au point d’un vaccin anti-CMV efficace et aideront au bout du compte à réduire l’énorme fardeau global que représente l’infection à CMV. »
Ses expériences passées et son travail actuel avec le Réseau constituent une base parfaite pour les plans d’avenir de la Dre McClymont, soit de continuer de travailler sur les maladies infectieuses qui affectent l’appareil reproducteur et nourrir son intérêt particulier pour la co-infection virale et l’utilisation des vaccins chez les femmes vivant avec le VIH.
« Les progrès de l’infectiologie appliquée à l’appareil reproducteur ont été importants ces dernières décennies; par exemple, l’avènement d’un vaccin anti-VPH, une meilleure compréhension du microbiome vaginal, et les essais sur d’éventuels vaccins anti-CMV », résume-t-elle. « Je veux m’assurer de générer des données qui appuieront des interventions innovantes et des soins performants, en gardant à l’esprit la santé des femmes vivant avec le VIH. »
Vous pouvez vous tenir au courant des travaux de la Dre McClymont en la suivant sur Twitter!