« La question clé n’est pas de savoir si les interventions [liées au mode de vie] amélioreront la santé cérébrale dans le contexte du VIH, mais bien comment nous pouvons améliorer la fidélité à la plupart des interventions prometteuses chez les personnes qui présentent des problèmes de santé cérébrale. »
En tant que physiothérapeute, Adria Quigley, boursière postdoctorale Gilead/Réseau, a toujours été fascinée par le fonctionnement du cerveau. Son intérêt pour la fonction cognitive chez les personnes vivant avec le VIH est né durant son programme de maîtrise à l’Université de Toronto. « Je réalisais un projet de recherche avec la Dre Stéphanie Nixon et nous interviewions des hommes âgés vivant avec le VIH pour comprendre leur expérience de l’atteinte cognitive, » explique-t-elle.
Après l’obtention de son diplôme, Adria a travaillé comme physiothérapeute pendant neuf ans, dont deux en milieu hospitalier dans un établissement de Saskatoon auprès de jeunes femmes qui se mouraient de sida. « Cette expérience a mis en lumière les inégalités et le racisme au sein de notre système de santé et m’a encouragée à entreprendre des études de doctorat », se rappelle-t-elle. « Être témoin des effets combinés de ces inégalités sur le VIH et les comorbidités connexes, y compris l’atteinte cognitive, m’ont incitée à poursuivre dans le domaine de la recherche. »
L’atteinte cognitive peut avoir un impact significatif sur la vie des personnes vivant avec le VIH. Elle peut affecter leur rendement professionnel, leur aptitude à conduire et leurs interactions sociales. Mais il existe des traitements potentiels. Adria a expliqué que l’exercice peut contribuer à améliorer la fonction cognitive chez les personnes qui présentent différents problèmes de santé. « Pendant mon doctorat, j’ai procédé à un essai pilote pour étudier l’effet du yoga sur la fonction cognitive des personnes vivant avec le VIH. Les résultats ont indiqué que le programme de yoga était faisable et même agréable, et que les participants exposés au yoga ont fait état d’une amélioration de leurs paramètres cognitifs ».
Dans le cadre de son projet actuel de bourse postdoctorale avec le Réseau, Adria misera sur les travaux déjà effectués par l’équipe de l’étude CTN 273 : Brain Health Now!, qui rappelle en quoi des changements à l’hygiène de vie peuvent être bénéfiques pour la fonction cognitive des personnes vivant avec le VIH. Toutefois, leur application se heurte à certains obstacles, comme l’explique Adria : « En général, tout le monde a du mal à adopter de nouvelles habitudes de vie, mais particulièrement les personnes vivant avec une atteinte cognitive chronique qui nuit aux aptitudes requises pour adopter pleinement les comportements jugés nécessaires pour l’atteinte des objectifs. En ce sens, la question clé n’est pas de savoir si les interventions [liées au mode de vie] amélioreront la santé cérébrale dans le contexte du VIH, mais bien comment nous pouvons améliorer la fidélité à la plupart des interventions prometteuses chez les personnes qui présentent des problèmes de santé cérébrale.
Sous la supervision de la Dre Marie-Josée Brouillette, investigatrice du Réseau et de la Dre Nancy Mayo, professeure à l’Université McGill, Adria vérifiera l’efficacité d’une approche innovante pour favoriser l’adoption d’une nouvelle hygiène de vie. « Nous espérons déterminer si l’entraînement à l’établissement des objectifs avant un programme axé sur une meilleure hygiène de vie favorise une meilleure intégration des recommandations, l’atteinte des objectifs en matière de santé, et l’amélioration de la santé cérébrale et de la santé générale, comparativement aux sujets qui participent seulement au programme de modification de l’hygiène de vie, » explique-t-elle. « S’ils se révèlent efficaces, les programmes d’établissement des objectifs pourraient être appliqués comme mesures d’appoint aux interventions axées sur l’exercice physique chez les personnes de différentes populations cliniques présentant une atteinte cognitive. »
Pour l’avenir, Adria entrevoit d’autres intérêts de recherche, notamment des outils d’évaluation et des stratégies d’amélioration de l’hygiène de vie pour les personnes vivant avec le VIH et une atteinte physique ou cognitive. Nous sommes impatients de voir où ses travaux la mèneront!
Pour en savoir plus, vous pouvez assister à la présentation d’Adria sur son projet de recherche en suivant ce lien Réunion d’automne du Réseau 2020.