J’ai grandi dans la région rurale du nord-ouest du Pacifique, aux États-Unis, où les ressources en matière de santé sexuelle étaient difficiles à trouver, surtout pour les membres des communautés de minorités sexuelles et de genre. Si des services de dépistage de routine du VIH et des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) étaient disponibles, ils ne constituaient pas le type de programmes spécifiques à la population dont il a été démontré qu’ils favorisaient la prévention, le dépistage et le traitement. Ainsi, bien que j’aie travaillé dans divers domaines de la santé publique tout au long de ma carrière, je n’ai jamais eu l’occasion de travailler au sein de ma propre communauté en tant qu’homme homosexuel, jusqu’à ce que je déménage au Canada.
Après avoir déménagé à Vancouver pour faire mon doctorat à l’UBC, j’ai eu les yeux ouverts (parfois littéralement!) sur l’incroyable travail en matière de santé sexuelle effectué dans tout le pays, en particulier le travail et la recherche effectués en partenariat avec la communauté. J’ai donc saisi l’occasion de mener des recherches d’une importance capitale avec certains des programmes et des chercheurs les plus innovants au monde.
Vie postdoctorale
Je travaille sur le projet de bourse postdoctorale du Réseau, « Uptake factors influencing PrEP/PEP doxycycline use in gay, bisexual, and other men who have sex with men and trans clinical trial enrollees : The UPDATE Study », qui examine les connaissances, les attitudes et les croyances des hommes gais, des bisexuels, des autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HRSHgb) et des personnes transgenres concernant le rôle de la doxycycline dans la prévention des ITSS bactériennes, ainsi que son impact sur le dépistage et le traitement des ITSS.
Mon projet est supervisé par le co-directeur de l’équipe du Réseau, le Dr Troy Grennan que j’ai rencontré pour la première fois lorsque je travaillais dans le domaine de la santé sexuelle pour une organisation communautaire non gouvernementale.
Je me souviens de l’époque où le Dr Grennan a proposé pour la première fois l’idée de faire des recherches sur la doxycycline pour la prophylaxie pré et post-exposition (PrEP et PEP, respectueusement) des personnes trans et des HRSHgb. Alors que certaines personnes ont réagi comme s’il s’agissait d’une idée farfelue, j’ai pensé qu’il s’agissait d’un moyen potentiellement innovant de lutter contre les taux d’ITSS bactériennes, qui continuent d’augmenter dans certaines communautés historiquement marginalisées malgré les améliorations de l’accès au dépistage et aux autres ressources de prévention.
L’idée elle-même est en fait enracinée dans certains concepts simples; en élargissant les options et les ressources disponibles pour que les gens puissent prévenir les ITSS bactériennes, nous pouvons augmenter la probabilité que davantage de personnes trouvent des options qui leur conviennent mieux en tant qu’individus.
Quelques petites études sur l’utilisation de la doxycycline pour la prévention des ITSS ont donné des résultats prometteurs, mais elles n’étaient pas assez importantes pour démontrer réellement leur efficacité. Il est à espérer que ce projet produira d’excellentes preuves que ce modèle fonctionne et qu’il pourra par la suite transformer les efforts de prévention des ITSS bactériennes en introduisant de nouvelles options très efficaces.
En plus de développer un modèle de prévention efficace, j’espère vraiment utiliser mes recherches postdoctorales pour mieux comprendre comment les nouvelles interventions en matière de santé sexuelle ont un impact positif sur la vie des gens – y compris la vie sexuelle – au-delà de la simple prévention des ITSS. Je pense qu’il peut être très valorisant et transformateur de trouver des outils de santé sexuelle qui fonctionnent pour les individus et qui leur permettent de contribuer réellement à déterminer leurs propres résultats en matière de santé. D’un point de vue plus personnel, j’espère que mon projet postdoctoral continuera à m’ouvrir des portes pour travailler sur de nouvelles approches de recherche visant à soutenir la santé sexuelle, en particulier dans les communautés touchées de manière disproportionnée par le VIH et d’autres ITSS.
Envisager l’avenir
Ce domaine de recherche doit s’attaquer à l’exclusion historique de certaines communautés et populations de nombreux essais et études cliniques. Il ne s’agit pas seulement du fait que des personnes n’ont pas été incluses dans un échantillon de population, mais aussi du fait que dans le monde réel, en dehors de la recherche, ces communautés et populations pourraient même ne pas bénéficier des résultats. Dans le domaine de la santé sexuelle, nous voyons malheureusement cela trop souvent. Je pense que la recherche est le reflet de nos sociétés et de nos cultures. Ainsi, nous avons tendance à voir beaucoup de recherches menées avec les groupes et les individus qui détiennent le plus de pouvoir, et qui en bénéficient. J’espère personnellement utiliser mes recherches pour contribuer à améliorer la situation.
J’ai récemment reçu une subvention pilote du Réseau pour mener une étude de recherche à l’échelle nationale sur le VPH et les hommes trans, ainsi que les personnes de genre non binaire assignées femme à la naissance. Le Dr Grennan et moi-même avions observé que ces communautés ne recevaient pas la même attention de la part des chercheurs que d’autres groupes, bien qu’elles présentent des risques uniques liés au VPH et que d’autres travaux aient démontré l’efficacité des campagnes de sensibilisation et de prévention du VPH auprès des populations. Si j’avais une boule de cristal, je prédirais que je ferai d’autres recherches sur le VPH comme celle-ci à l’avenir, et que je m’efforcerai de faire en sorte que la recherche sur la santé sexuelle soit aussi inclusive que possible!