Oscar Javier Pico Espinosa

Je suis né et j’ai grandi à Bucaramanga, en Colombie, où j’ai fait mes études de médecine. Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai travaillé dans la recherche en santé publique, en évaluant des programmes de prévention des risques cardiovasculaires et de soins prénataux, ainsi que dans le domaine des soins primaires, où j’ai enseigné la médecine communautaire à des étudiants en médecine.

C’est alors qu’a commencé mon voyage autour du monde pour en apprendre davantage et développer mes compétences en tant que chercheur dans le domaine de la santé.

En 2014, j’ai déménagé en Suède pour suivre une formation en épidémiologie et en santé publique à l’Institut Karolinska, et à la fin de 2020, j’ai déménagé à Toronto, au Canada. Si ce déménagement était initialement motivé par des raisons familiales, il a également ouvert la porte à de nouvelles opportunités incroyables. J’ai eu la chance de tomber sur une offre d’emploi pour un poste postdoctoral auprès du Dr Darrell Tan, co-directeur de l’équipe de prévention du Réseau, qui correspondait à mes compétences. Jusqu’alors, je n’avais pas travaillé dans le domaine de la prévention du VIH, mais c’était un domaine de la santé publique que je souhaitais approfondir.

Les étapes de la recherche sur le VIH

Travailler dans le domaine de la prévention du VIH a été absolument extraordinaire. D’une part, j’ai pu mettre en pratique mes connaissances et compétences en santé publique et en médecine. D’autre part, et c’est peut-être plus important, cela a joué un rôle important dans mon parcours personnel.

Après avoir grandi dans une société plutôt sexiste et homophobe, j’ai vécu en Suède, l’un des pays les plus ouverts au monde. J’ai eu l’occasion de faire face à ma propre homophobie intériorisée, à mes préjugés et à mes idées sur la sexualité, parfois de façon difficile. Je me souviens avoir appris l’existence de la PPrE (communément appelée par son acronyme anglais PrEP) par le biais d’une application de rencontre gay et avoir eu des réactions négatives. Moi?! Un docteur en médecine avec un diplôme en santé publique? Heureusement, en tant que société, nous avons fait beaucoup de progrès depuis, mais certainement pas assez.

J’ai commencé à travailler sur une étude appelée le Projet de mise en œuvre de la PPrE (PRIMP) qui utilise les données administratives des cliniques de santé sexuelle et de PPrE, ainsi qu’une enquête communautaire, pour comprendre comment la PPrE est accessible et utilisée en Colombie-Britannique et en Ontario. Mes analyses ont révélé que de nombreuses personnes qui pourraient bénéficier le plus d’une méthode efficace de prévention du VIH, comme la PPrE, n’y ont pas accès. La stigmatisation, les préoccupations concernant les effets secondaires, le coût, les problèmes de perception des risques et les expériences négatives passées avec les prestataires de soins de santé sont quelques-uns des obstacles qui expliquent le manque de recours à la PPrE. J’ai discuté de ces résultats avec mes collègues et nous avons émis l’hypothèse qu’un meilleur conseil de la part des prestataires de soins de santé pourrait peut-être contribuer à améliorer l’accès à cette importante méthode préventive.

La communication est cruciale

Il a été intéressant d’apprendre que la connaissance de la PPrE en Colombie-Britannique et en Ontario semble très dépendante de l’endroit où l’on se trouve; par exemple, certains prestataires de soins de santé et patients sont déjà très bien informés sur la PPrE au Church-Wellesley Village au centre-ville de Toronto. Cependant, j’entends constamment des histoires de prestataires de soins qui ne se sentent pas à l’aise ou qui ne savent pas grand-chose sur la façon d’aborder le counseling sur les stratégies de prévention du VIH chez les hommes gais, bisexuels et les autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HRSHgb), qui sont considérés comme profitant considérablement de l’adoption de la PPrE. En toute honnêteté, il faut souvent jongler avec de nombreuses choses lorsqu’il s’agit de parler de la prévention du VIH, d’où la nécessité d’un guide de counseling.

Dans le cadre de mon projet de bourse postdoctorale du Réseau, intitulé « User-centered counseling about HIV pre-exposure prophylaxis and linkage to care gbMSM », je travaillerai avec un groupe d’experts (cliniciens et HRSHgb) pour développer une brève intervention de counseling et de liaison aux soins pour les prestataires de soins de santé et la transformer en un programme de formation en ligne. Je testerai ensuite son acceptabilité et sa faisabilité auprès des prestataires et des HRSHgb dans le cadre d’un essai à petite échelle.

Quels que soient les résultats de mon projet, nous apprendrons beaucoup sur ce qui est faisable, pertinent et culturellement approprié lorsqu’il s’agit de conseiller la PPrE et la prévention du VIH dans le cadre des soins primaires. Si nous constatons des signes d’effets positifs, l’étape suivante consistera à planifier un essai à plus grande échelle et, éventuellement, à élaborer un plan de diffusion des conseils auprès de divers groupes de prestataires.

Pour l’avenir, je pense m’appuyer sur ce travail et développer des stratégies de counseling dans d’autres contextes, en commençant par d’autres provinces, et auprès d’autres populations clés.

Écrit par :

CTN Communications

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