Publications liés
.
Les chercheurs de l’étude ont cherché à comprendre les facteurs biologiques, psychologiques et sociaux qui affectent la santé du cerveau, l’impact des symptômes cognitifs sur la fonction et la qualité de vie, et leur évolution dans le temps. Les chercheurs se sont également attachés à mettre au point des outils susceptibles d’être utilisés en clinique. La mesure de la cognition reste un obstacle majeur à une gestion efficace de la santé cérébrale. Pour répondre à ce besoin non satisfait, les chercheurs ont mis au point un bref test informatisé (B-CAM, pour Brève mesure de la capacité cognitive) qui applique des méthodes statistiques de pointe pour évaluer la cognition au fil du temps. Une fois optimisé à la suite de l’étude, cet outil en ligne à accès libre (c’est-à-dire gratuit!) pourrait être utilisé en clinique pour mesurer les capacités cognitives en quelques minutes. Des sous-études interventionnelles pilotes visant à améliorer la santé du cerveau ont également été menées.
Alors que l’espérance de vie des personnes vivant avec le VIH augmente, il devient évident que le VIH affecte à la fois la cognition et la santé mentale, même en cas d’excellent contrôle viral systémique. De nouvelles recherches suggèrent que de multiples processus en interaction ont un impact sur le cerveau. Des facteurs tels que le vieillissement, l’inflammation chronique, la dépression, les maladies cérébrovasculaires, la consommation de substances et l’infection par l’hépatite C peuvent avoir un impact sur la santé du cerveau. L’expérience de la vie avec une infection chronique et la stigmatisation peuvent également menacer la santé du cerveau en affectant les niveaux de stress et la santé physique.
Il s’agissait d’une étude de cohorte prospective qui a recruté 856 participants. Les participants ont été évalués et suivis à des intervalles de 9 à 12 mois sur une période allant jusqu’à 10 ans. Les évaluations cliniques comprenaient la mesure de la pression artérielle, du tour de taille et de hanche, du poids et de la taille, ainsi que la documentation des antécédents médicaux. Les participants ont également été invités à remplir des questionnaires et à subir des tests à l’aide de l’outil de mesure B-CAM. Les chercheurs espéraient poursuivre le développement du B-CAM en tant qu’outil d’évaluation cognitive gratuit et accessible pour le suivi clinique de routine de la santé cérébrale, et développer des interventions ultérieures et des études basées sur les mécanismes impliquant des participants à la recherche, des membres de la communauté et des personnes impliquées dans les soins de première ligne aux personnes atteintes du VIH. Ces travaux permettront de mieux comprendre les problèmes de santé cérébrale sous-jacents au VIH.
Les chercheurs ont constaté que la stigmatisation avait un effet direct sur les performances cognitives et l’anxiété, y compris des effets négatifs sur l’engagement quotidien dans des activités utiles. Ils ont également constaté que les symptômes du VIH, la douleur, la fatigue, le manque de motivation, la stigmatisation et le chômage étaient liés à la solitude. La solitude augmente les risques de troubles cognitifs, d’humeur maussade, de stress et de mauvaise santé physique. Ceux qui étaient « assez souvent » seuls étaient plus de 4 fois plus susceptibles de signaler une mauvaise ou très mauvaise qualité de vie que ceux qui étaient « presque jamais » seuls.
L’équipe a mis au point le questionnaire C3Q (Questionnaire sur la communication des préoccupations cognitives), qui est le premier questionnaire spécifiquement conçu pour les personnes atteintes du VIH. Bien qu’il ne soit pas fortement associé aux performances des tests cognitifs, il reflète les préoccupations des gens dans la vie réelle et est associé à l’humeur, au travail et à la productivité au travail. Il s’agit d’une étape nécessaire dans l’évaluation de la cognition dans cette population.
L’équipe a également mis au point le « tableau de bord personnel de la santé cérébrale ». Un profil des résultats de santé a été généré par ordinateur à partir des mesures des résultats de chaque personne inscrite et des éléments individuels pouvant faire l’objet d’une action et ayant un impact sur la vie ont été choisis. Les utilisateurs pouvaient comparer leurs résultats à un objectif optimal et 80 % d’entre eux ont trouvé le tableau de bord utile pour fixer des objectifs en matière de santé.
Les résultats montrent que la stigmatisation liée au VIH constitue une menace pour la santé cognitive et mentale, et qu’elle a un impact négatif sur les fonctions quotidiennes des hommes vieillissant avec le VIH. Cela prouve qu’il existe des liens directs entre les effets psychosociaux et biologiques du VIH au niveau du cerveau. La réduction de la stigmatisation peut être un nouveau moyen de lutter contre les troubles cognitifs.