Une collaboration regroupant des chercheurs de Vancouver a publié les résultats d’une étude qui confirme l’acceptabilité du dépistage au point de service, à l’Hôpital St-Paul. Le groupe incluait des chercheurs de cinq organismes de recherche différents.
Le dépistage au point de service s’applique lorsqu’une personne reçoit des soins médicaux d’urgence, et non lors d’un rendez-vous dans une clinique spécialisée. Même si les recommandations provinciales et fédérales suggèrent un dépistage de routine du VIH, soit par l’entremise de laboratoire, soit au point de service, cette politique n’a pas été largement adoptée dans les services d’urgence canadiens.
Selon le Dr Aslam Anis, directeur national du Réseau et directeur du Centre CHEOS (Centre for Health Evaluation and Outcomes Sciences), « le dépistage du VIH au point de service est immédiat, simple à administrer et avantageux pour ce qui est d’améliorer les résultats sur la santé ».
« Plus nous détectons tôt la séropositivité chez une personne, plus rapidement elle accèdera au traitement et au soutien requis. Pour être efficace, le dépistage au point de service doit être effectué dans un établissement de santé où le patient bénéficiera aussi de services de soutien ou de conseils », ajoute le Dr Anis.
Parmi les près de 70 000 Canadiens vivant avec le VIH, 20 % ignorent être séropositifs. Plus de 2 000 Britanno-Colombiens ne se savent pas porteurs du VIH. Le diagnostic précoce est un aspect important du traitement et de la maîtrise du VIH. Le diagnostic améliore l’accès aux soins, réduit la mortalité et peut atténuer le risque de transmission du virus.
« Le service d’urgence de l’Hôpital St-Paul dessert beaucoup de personnes très à risque à l’égard du VIH », affirme le Dr Rob Stenstrom, co-auteur et chercheur au centre CHÉOS. « Dans les quartiers centraux, les services d’urgence sont souvent leur seul point de contact avec le système de santé. Le dépistage du VIH au point de service est donc d’autant plus important si on veut réduire les taux d’infection. »
L’étude, publiée dans le Canadian Journal of Public Health, a effectué un test aléatoire auprès de 1 400 individus ayant consulté le service d’urgence de l’Hôpital St-Paul entre novembre 2009 et janvier 2011. Parmi les individus soumis au test, 65 étaient VIH-positifs (4,6 pour cent), mais ils étaient tous au courant de leur séropositivité. Cette proportion s’est révélée plus élevée que prévu, mais témoigne probablement du fait que la population desservie par l’hôpital St-Paul est plus à risque. Vingt des individus VIH + n’avaient aucun suivi médical et après le test de dépistage, 17 d’entre eux ont commencé à fréquenter une clinique d’immunodéficience.
L’étude a démontré à la fois l’utilité et la faisabilité du dépistage au point de service, et la capacité de ce dernier à estimer la prévalence du VIH, dans le service d’urgence d’un quartier central. Les chercheurs ont constaté que le dépistage prenait moins de dix minutes et donnait lieu à un degré élevé de satisfaction chez les patients, la plupart des participants ayant reconnu que le contexte hospitalier était approprié pour le dépistage du VIH. Cette étude est la deuxième en son genre au Canada et comme la précédente, elle confirme qu’il serait utile d’adopter le dépistage du VIH au point de service dans les services d’urgence canadiens.
La publication a aussi été signée par le Dr Eric Grafstein, chercheur au Centre CHÉOS. Les autres auteurs incluaient des médecins et des chercheurs de l’Université de la Colombie-Britannique, de Providence Health Care et du BC Centre for Excellence in HIV/AIDS.
Stenstrom R, Ling D, Grafstein E, Barrios R, Sherlock C, Gustafson R, Osati F, Poureslami I, Anis AH. Prevalence of HIV infection and acceptability of point-of-care testing in a Canadian inner-city emergency department. Can J Public Health. 2016;107(3):e291-e295.