Le virus du papillome humain (VPH) est l’infection transmissible sexuellement la plus répandue dans le monde; elle affecte autour de 75 pour cent des Canadiens sexuellement actifs au moins une fois au cours de leur vie. Il existe plus de 170 types de VPH et même si la plupart des gens ne présenteront aucun problème à long terme, chez certains, l’infection au VPH devient persistante. Ces gens sont alors exposés à un risque de présenter un pré-cancer, qui à son tour a le potentiel de se transformer éventuellement en cancer, comme le cancer anal.
Les hommes gais, bisexuels et autres ayant des relations sexuelles avec des hommes (HRSHgb) qui vivent avec le VIH ont un taux plus élevé d’infections persistantes au VPH, de pré-cancers et de cancers. Environ deux personnes sur 100 000 dans la population générale reçoivent un diagnostic de cancer anal chaque année; les HRSHgb vivant avec le VIH sont au moins 50 fois plus susceptibles de recevoir un tel diagnostic. Pourquoi?
« Ce n’est pas tout à fait clair », résume le Dr Troy Grennan, investigateur du Réseau. « Nous savons qu’un déficit en lymphocytes T réduit la probabilité d’éliminer l’infection au VPH et augmente la probabilité qu’elle persiste. Or, certains individus porteurs du VIH reçoivent un traitement efficace, ont une bonne suppression virologique et des numérations de CD4 élevées et continuent de présenter plus de cancers anaux. Donc, la question reste entière. »
Alors que nous cherchons encore à comprendre exactement pourquoi les HRSHgb vivant avec le VIH sont affectés de manière disproportionnée, il est important de bien dépister les pré-cancers et cancers anaux pour qu’ils puissent être découverts et traités à temps, ou mieux encore, pour qu’ils soient évités.
Amélioration du dépistage
« À l’heure actuelle, on ne dispose d’aucune ligne directrice fondée sur des données probantes claires pour déterminer à quel moment et dans quelles situations les hommes vivant avec le VIH devraient être soumis à un dépistage du VPH ou du cancer anal », explique le Dr Grennan, qui est également médecin responsable du programme provincial pour le VIH et les ITS au BCCDC et professeur agrégé de clinique à l’UBC. « Cela dit, de nombreux experts du domaine recommandent un dépistage annuel du cancer anal. »
En plus d’un manque de lignes directrices officielles, les méthodes actuelles de dépistage sont inadéquates. Le test Pap anal génère un taux élevé de faux négatifs pour le dépistage des pré-cancers et le toucher rectal pourrait ne pas détecter un cas de cancer sur cinq.
Le Dr Grennan cherche à améliorer le dépistage chez les HRSHgb qui vivent avec le VIH grâce à la nouvelle étude PEACH (CTN 330: Predicting and evaluating anal cancer in HIV with novel biomarkers). Cette étude d’une durée de trois ans sur 1 000 HRSHgb vivant avec le VIH à Vancouver et à Toronto déterminera si, en utilisant de nouveaux biomarqueurs liés au VPH et au cancer qu’il cause en plus des tests existants, nous pourrons dépister le cancer anal plus efficacement et prédire ou identifier les pré-cancers.
« Combiner les biomarqueurs avec les tests actuels améliorerait la précision comparativement aux tests appliqués indépendamment, et accroîtrait la prédiction des pré-cancers et des cancers », résume le Dr Grennan. « Cela sera utile pour identifier ceux qui doivent être évalués rapidement et déterminer qui il faut prioriser pour une anuscopie de haute résolution, intervention utilisée pour examiner l’anus plus en détail et déceler les anomalies. »
Alors que le cancer anal demeure relativement rare, même chez les personnes à risque élevé, les pré-cancers anaux sont assez courants et ce sont les lésions que l’étude vise à identifier. En fait, l’équipe de l’étude PEACH ne s’attend pas nécessairement à diagnostiquer des cas de cancer anal, mais peut y faire face le cas échéant.
« Si à un moment ou à l’autre, nous détectons un cancer anal, le participant sera retiré de l’étude et les traitements standards lui seront offerts », explique le Dr Grennan. « Si des pré-cancers sont identifiés, nous offrirons les soins standard, ce qui inclut l’ablation des lésions et un suivi régulier au moyen des techniques habituelles de dépistage du cancer anal. »
Pour l’avenir
À quoi ressemblerait le dépistage du VPH et du cancer anal chez les HRSHgb vivant avec le VIH dans un monde idéal?
Tout d’abord, si certains professionnels de la santé recommandent déjà aux personnes vivant avec le VIH de subir un dépistage annuel du VPH ou du cancer anal, il serait utile pour la communauté médicale globale de disposer à cet effet de lignes directrices fondées sur des données probantes. Cela permettrait d’harmoniser les soins dans la communauté entière.
Ensuite, le dépistage devrait être accessible, abordable et fiable.
« Nous devons mettre au point un ensemble d’approches évolutives qui peuvent être utilisées à grande échelle, qui identifient les patients à investiguer rapidement, ceux qui peuvent attendre et ceux qui n’ont besoin d’aucun autre examen », rappelle le Dr Grennan.
Lorsque l’équipe de l’étude PEACH aura déterminé quelle stratégie est la plus efficace et efficiente pour dépister les pré-cancers et cancers anaux dus au VPH, elle rédigera un énoncé de position sur le dépistage, le traitement et la vaccination anti-VPH chez les HRSHgb vivant avec le VIH. Cela aidera les professionnels de la santé à prendre des décisions au sujet du dépistage du VPH et du cancer anal et à identifier les personnes à prioriser pour un traitement urgent.
Souhaitez-vous participer à l’étude PEACH? Cliquez ici.